En avril 2024, un nouveau test sanguin, EDIT-B, sera lancé en France. Capable de distinguer entre le trouble bipolaire et la dépression avec une précision supérieure à 80%, ce test représente une véritable percée dans le domaine de la psychiatrie.
Un parcours long et difficile jusqu’au bon diagnostic
Pour 40% des individus atteints du trouble bipolaire, leur état est initialement diagnostiqué comme dépressif. En effet, cette pathologie se manifeste souvent d’abord par des phases dépressives. Comme l’explique Chantal Henry, les patients demandent généralement de l’aide durant une phase dépressive et voient les phases maniaques comme une compensation pour les épisodes dépressifs.
Mais lorsque le mauvais traitement est prescrit, il peut aggraver la situation et entraîner des épisodes de manie plus importants ou raccourcir le cycle entre la dépression et la manie. C’est pourquoi le test EDIT-B pourrait changer la donne et permettre un diagnostic et un traitement appropriés beaucoup plus rapidement.
Les biomarqueurs spécifiques au cœur du test EDIT-B
- Le test EDIT-B se base sur la détection de huit séquences RNA présentes dans le sang, lesquelles sont produites à partir d’ADN.
- Les protéines qui jouent un rôle crucial dans la santé mentale, telles que les neurotransmetteurs ou les récepteurs neuronaux, sont produites à partir de l’ARN.
- Des modifications de ces séquences d’ARN peuvent altérer la fonction des protéines correspondantes, rendant le patient moins sensible à certains neurotransmetteurs comme la sérotonine (régulation de l’humeur).
Ces marqueurs spécifiques ont été identifiés par Dinah Weissmann, ancienne directrice de recherche au CNRS, aujourd’hui co-fondatrice et directrice scientifique de Alcediag.
Analyse d’un simple échantillon de sang pour éviter des années d’errance thérapeutique
Le test EDIT-B permettra donc aux psychiatres de faciliter le diagnostic entre dépression et trouble bipolaire. La procédure est assez simple : un prélèvement sanguin et une analyse d’un mois suffisent.
Bien qu’il ne soit pas encore remboursé par la Sécurité sociale, le test est déjà disponible en Italie et en France depuis le 1er avril 2024, pour un coût de 899 €. Une étude clinique de trois ans est en cours afin de mesurer l’impact du test sur la progression de la maladie.
Comment fonctionne le test MyEDIT-B ?
Développé par les chercheurs d’Alcediag, société biopharmaceutique française basée dans l’Hérault, ce test vise principalement les adultes traités avec des médicaments pour un épisode dépressif caractérisé, modéré ou sévère. Le test MyEDIT-B nécessite la prescription d’un médecin qui devra également fournir une fiche d’information clinique signée et un formulaire de consentement signé par le patient.
Le fonctionnement de MyEDIT-B repose sur l’utilisation conjointe de séquençage d’ARN sanguin et d’un algorithme basé sur l’intelligence artificielle. Cet algorithme multifactoriel prend en compte des données telles que l’âge, le sexe, les traitements précédents et les éventuelles dépendances du patient.
Un nouveau tournant pour le traitement du trouble bipolaire
Jusqu’à présent, le diagnostic des troubles mentaux, y compris le trouble bipolaire, reposait uniquement sur l’observation clinique par un psychiatre lors d’entretiens avec les patients. Le lancement de ce test révolutionnaire change la donne en étant le premier test sanguin capable de différencier entre dépression et trouble bipolaire. Il cible particulièrement ceux qui sont susceptibles de souffrir d’un trouble bipolaire en raison de leur histoire familiale ou de leurs réponses uniques à certains antidépresseurs.
Cette avancée majeure pourrait contribuer à améliorer le traitement des personnes souffrant de ces pathologies, souvent confrontées à des difficultés scolaires, professionnelles, sociales, voire des tentatives de suicide.