Dans le contexte actuel de la pandémie, certaines théories ont émergé, suggérant un lien entre les vaccins à ARNm contre la Covid-19 et l’apparition ou l’accélération des tumeurs. Face aux inquiétudes suscitées par ces allégations, de nombreux spécialistes se sont exprimés pour clarifier la situation.
L’origine de la théorie des turbo-cancers
Le terme « turbo-cancer » a été popularisé par Alexandra Henrion-Caude, ancienne directrice de recherche à l’Inserm, et reprise notamment par le professeur Didier Raoult, ex-directeur de l’IHU Marseille. La théorie avance que les vaccins à ARNm pourraient contribuer au développement ou à l’aggravation de cancers, en particulier les lymphomes.
Une interprétation contestée par la communauté scientifique
Mathieu Molimard, membre de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique, explique que cette hypothèse repose sur une lecture alarmiste d’un article publié dans la revue Nature. Selon lui, il n’y a aucune preuve concrète d’une augmentation du risque de cancer ou de lymphome suite à la vaccination anti-Covid. Au contraire, les données de pharmacovigilance montrent que ces effets secondaires ne sont pas observés en pratique.
- Aucun cas de cancer du sein, du pancréas ou du poumon n’a été signalé comme favorisé ou accéléré par la vaccination anti-Covid.
- Les cas de lymphomes ayant évolué suite à la vaccination sont extrêmement rares et concernent des personnes déjà atteintes de cette maladie.
Mathieu Molimard déplore le manque de réaction des autorités face à la désinformation qui met en danger la vie des individus, d’autant plus que les vaccins constituent un outil essentiel pour lutter contre la pandémie actuelle.
L’avis des oncologues : différencier inflammation et cancer
Dans un article publié par une cinquantaine d’oncologues, il est précisé qu’il n’y a aucune preuve scientifique démontrant que la vaccination contre la Covid-19 augmente le risque de développer ou d’aggraver un cancer. Les spécialistes expliquent que la suractivation du récepteur AT1R, médiée par la protéine Spike du virus SARS-CoV-2, peut être associée à certaines tumeurs (sein, prostate, poumon), mais cela ne signifie pas pour autant que les vaccins sont directement responsables de ces cancers.
Faire la part des choses entre cancers solides et lymphomes
Les turbo-cancers sont souvent assimilés à des cancers agressifs ou rapides, mais ils ne correspondent pas à une nouvelle catégorie de tumeurs. Selon l’oncologue Jérôme Barrière, co-auteur de l’article et membre du conseil scientifique de la Société française pour la lutte contre le cancer, il y a une différence importante entre les cancers solides (sein, prostate, poumon) et les lymphomes :
- Les cas de lymphomes ayant évolué suite à la vaccination sont très rares et concernent des personnes déjà atteintes.
- Dans quelques cas, le vaccin a pu causer une inflammation qui a accéléré le processus du lymphome, sans toutefois le provoquer.
Ainsi, bien qu’il soit important de rester vigilant face aux possibles effets secondaires des vaccins, il ne faut pas céder à la désinformation et confondre inflammation et cancer. Les spécialistes s’accordent pour dire que les turbo-cancers ne constituent pas un risque avéré lié à la vaccination anti-Covid-19.